A lire la presse féminine et masculine d’une semaine à l’autre, il y a toujours la dernière étude pour dire que tel aliment protège ou provoque le cancer. Malheureusement d’un magazine à l’autre, d’une semaine à l’autre les infos varient et elles sont parfois contradictoires. Au final au lieu d’informer leur lectorat, ils le déboussolent, il ne sait plus quoi manger.
La recherche en matière de nutrition
Faire de la recherche sur la nutrition humaine n’est pas une chose facile, l’organisme humain est très complexe difficile a récréer en laboratoire, se pose en plus plein de problèmes éthiques. Ce que l’on retrouve dans les médias de la recherche scientifique est souvent plus proche de la croyance et du scoop que d’une réelle approche scientifique.
La différence entre la preuve scientifique et la preuve anecdotique.
Les preuves anecdotiques sont moins fiables que les preuves scientifiques. Elles ne sont généralement pas consignées d’une manière rigoureuse. Le dispositif expérimental et les
conditions associées à des preuves anecdotiques sont souvent inconnus. La recherche scientitifique d’un phénomème en revanche est beaucoup plus rigoureuse et implique toujours les étapes suivantes :
1- Définir la question que l’on se pose
2- Récolter les ressources et informations nécessaires
3- Formuler une hypothèse
4- Elaborer et conduire une expérience pour tester l’hypothèse
5- Récolter les résultats
6- Analyser les résultats
7- Interpréter les résultats
8- Conclure : l’hypothèse est-elle vérifiée ou infirmée
9- Publier les résultats
10- Répéter l’expérience
La méthode scientifique peut se tromper à chacune des étapes ci-dessus.
L’information scientifique est observable, mesurable, et doit être
reproductible. En tant que tel, tout chercheur peut tenter de reproduire les résultats publiés et corriger les erreurs qui ont été commise par les précédents
chercheurs. Au fil du temps, l’information scientifique tend à devenir plus précise. Il se peut qu’elle ne soit jamais la vérité, mais elle devrait s’en rapprocher.
L’utilisation de l’épidémiologie dans la recherche en nutrition
L’épidémiologie a été crée pour étudier les maladies infectieuses, elle est aussi très utilisée en matière de recherche dans les maladies non-infectieuses (cancer, maladies métaboliques…).
La majorité des études qui sont publiés dans des magazines sont des résultats d’études épidémiologiques ou statistiques. Les études épidémiologiques des maladies qui ont trait au métabolisme humain et la nutrition humaine sont adaptées pour générer des hypothèses qui doivent encore être vérifiées en utilisant des essais contrôlés en laboratoire.
Le problème c’est que les médias présentent ces résultats comme des preuves causales. En tant que tel, les résultats d’études épidémiologiques sur des maladies non-infectieuses devraient être uniquement considérés comme des corrélations ou des tendances et non pas interprétés comme l’identification des causes et des effets.
Une étude épidémiologique ne donne que des tendances, des corrélations en aucun cas elle ne suffit à expliquer ce qui cause une maladie, ce n’est qu’une première étape d’autres études scientifiques qui vont pouvoir permettre de tester des hypothèses et de donner les mécanismes qui font qu’une maladie se développe.
Un exemple d’étude épidémiologique qui va trop loin : The China Study
Source Wikipédia :
« The China Study (en français, Le Rapport Campbell) est un ouvrage publié en 2005 et rédigé par T. Colin Campbell, professeur de biochimie nutritionnelle à Cornell University, et son fils Thomas M. Campbell II.
Le livre examine la relation entre la consommation de produits animaux et des maladies, telles que les cancers du sein, de la prostate, et du gros intestin, le diabète, les maladies coronariennes, l’obésité, les maladies auto-immunes, l’ostéoporose, les maladies dégénératives du cerveau et le syndrome maculaire. Les auteurs s’appuient sur le China Project, une étude comparative des taux de mortalité de douze types de cancer différents sur 880 millions de personnes de Chine rurale et des États-Unis sur une période de vingt ans. Cette étude a été menée conjointement par l’Université Cornell, l’Université d’Oxford et l’Académie Chinoise de Médecine Préventive.
Les auteurs introduisent et expliquent les conclusions des études scientifiques corrélant des régimes alimentaires riches en aliments d’origine animale avec des maladies. Ils concluent que les régimes alimentaires riches en protéine, tout particulièrement en protéine animale (notamment la caséine du lait de vache), sont fortement liés à des maladies telles que les maladies coronariennes, un grand nombre de cancers et le diabète de type 2.
Les auteurs recommandent un régime alimentaire fondé sur des aliments complets, à base végétale, et évitent la consommation de viande et de lait, afin de minimiser et/ou inverser le développement de maladies chroniques. Ils recommandent aussi de veiller à suffisamment s’exposer au soleil, afin de maintenir de bons niveaux de vitamine D, et d’envisager la consommation de compléments alimentaires de vitamine B12. Les auteurs critiquent au passage les régimes appauvris en glucides (tels que le régime de Atkins), lesquels prônent des restrictions sur les apports caloriques en provenance de glucides complexes. »
The China study est l’exemple même d’une étude statistique dont l’interprétation est trop prétentieuse. Sur la base de corrélations et de tendances, les auteurs recommandent un régime végétarien mais sans être capable d’expliquer ou d’avoir vérifié les mécanismes qui se cachent derrière ces corrélations.
Utiliser l’épidémiologie à bon escient
Utiliser une étude épidémiologique pour élaborer des recommandations générales alimentaires pour la population c’est comme s’arrêter à la moitié du chemin avant d’atteindre sa destination. C’est de la paresse intellectuelle et méthodologique car on ne cherche pas à expliquer le pourquoi et le comment. Si on ne comprend pas les mécanismes, les recommandations peuvent être totalement contreproductives.
La prochaine fois que vous lisez un magazine, avec une étude épidémiologique souvenez vous qu’elle ne prouve pas la cause, mais par exemple une corrélation entre tel aliment et le risque de cancer pour en avoir la certitude il faudrait d’autres expériences pour prouver la relation entre cet aliment et le cancer.